Romains 5 :6 « Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. »
Les défis d’un nouveau travail.
Il y a un an, j’ai rejoint un grand groupe en tant que chef comptable de 4 des 26 sociétés qui composent le groupe en France.
Ces derniers mois, au travail, ont été éprouvants. Suite à un déménagement du siège et une réorganisation, l’équipe comptable et financière a été renouvelée dans la quasi-totalité des 70 salariés qui la composent.
Nous découvrons les process, les logiciels et les particularités des sociétés du groupe que nous gérons. Nous cherchons à définir les contours de notre poste, et à comprendre exactement ce qu’on attend de nous.
Dans ce contexte, les nombreuses échéances qui rythment la vie d’un groupe coté ne varient pas. Nous courons sans cesse après la nouvelle échéance à respecter, tout en cherchant à comprendre comment fournir ce nouveau rapport ou cette nouvelle donnée pour la première fois.
Tout ceci n’est pas, bien sûr, facilité par le confinement et le télétravail à 100%.
Physiquement, émotionnellement, et spirituellement, cela a été éprouvant.
Les pensées concernant mon travail sont devenues très envahissantes, que ce soit durant mes moments de prière, nos repas en famille, et surtout pendant la nuit ou au petit matin.
Je me sentais impuissante à empêcher mon esprit de vagabonder sans cesse vers ces équations à plusieurs inconnues qui composaient mon quotidien au travail.
Il ne s’agissait pas juste de pensées intellectuelles, froides et réfléchies, qui auraient composé une « to do list ». Non c’était un enchevêtrement de pensées et d’émotions, d’angoisses et de questionnements incessants commençant par « Comment…. ?».
Sans oublier un sentiment de culpabilité persistant du fait de ne plus avoir autant de temps et d’énergie mentale à consacrer à ma famille et mes amis.
Pourtant, si je fais le bilan de ces derniers mois, toutes les échéances ont été respectées, les rapports soumis et certaines de mes relations sont plus proches que jamais.
Comment Dieu a-t-il pu accomplir cela ?
2 Cor 1 :9 : « Mais nous, en nous-mêmes, nous avions accepté notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ».
S’il y a une chose que je retiens de ces derniers mois, c’est l’importance de la vulnérabilité et d’exprimer ses émotions, y compris au travail.
Dans notre entreprise, nous avons mis en place des réunions opérationnelles d’une demi-heure le matin, où nous définissons nos priorités de la journée. C’est un moment aussi où nous nous coordonnons et exprimons nos besoins éventuels d’aide ou au contraire nos disponibilités pour aider les autres. A la fin, nous consacrons quelques minutes à exprimer comment nous nous sentons.
Dans mon groupe, nous sommes un peu moins d’une dizaine. Ce moment d’équipe est devenu un outil puissant de cohésion et de démultiplication des efforts.
Je me souviendrai toujours de la première fois où j’ai été honnête sur comment je me sentais. J’ai dit que j’étais épuisée par les longues journées et envahie par le travail jusque dans mes pensées durant la nuit.
Un autre collègue a alors exprimé que lui aussi avait les mêmes luttes, et cela a délié les langues. Nous avons même pu rire des questions que nous nous posions durant la nuit !
Une autre fois, alors que nous étions presque au bout d’une échéance de plusieurs semaines de travail, quelque chose s’est rajouté au dernier moment, rallongeant la distance jusqu’à la ligne d’arrivée. Avec l’épuisement et le découragement, je me sentais soudain incapable de faire ces petites choses supplémentaires. J’ai exprimé que je saturais. Deux collègues se sont alors proposées pour couvrir ces points eux-mêmes. J’ai ressenti profondément leur soutien mais aussi celui de Dieu, à qui j’avais exprimé ces mêmes émotions le matin.
J’étais sans force mais me suis sentie portée par mes collègues jusqu’à la ligne d’arrivée.
Chaque matin, nous parlons aussi des succès s’il y en a. Et j’ai parlé de celui-ci le lendemain. Il n’y a rien de plus beau que cette unité et ce soutien d’équipe.
Cette semaine, une autre grande entreprise est venue observer notre réunion opérationnelle pour apprendre de notre méthode. Ils ont été frappés par la fluidité de notre communication et par notre cohésion, la manière dont nous nous entraidons et apportons de la valeur durant ce moment. Nous avons pu leur expliquer que tout n’est pas toujours facile, et comment nous avons appris à demander de l’aide et à exprimer notre désarroi.
Après ce moment, j’ai ressenti une profonde joie, car cela glorifie vraiment Dieu. Le royaume est au-dedans de nous et ce type d’expérience le fait avancer dans l’entreprise.
Être vulnérable et exprimer nos émotions, y compris négatives, est puissant. Jésus ne l’a-t-il pas fait avec ses disciples ? « Mon âme est triste jusqu’à la mort, restez ici et veillez avec moi » (Matthieu 26:38).
Pendant de nombreuses années, seul l’esprit positif était de mise dans l’entreprise, au point que les salariés ont appris à étouffer leurs émotions au travail, car certaines d’entre elles, comme la tristesse, la colère ou le découragement, étaient considérées comme gênantes. Il est vrai que nous pouvons nous sentir embarrassés et honteux de partager nos moments bas dans le milieu professionnel.
Des recherches ont montré pourtant que plus on accepte nos émotions et mieux on arrive à les gérer. Petit à petit, l’entreprise intègre la dimension émotionnelle des salariés, et c’est une excellente nouvelle !
Je prie qu’en tant que chrétiens, nous puissions donner l’exemple et nous rendre vulnérables. Nos collègues ne vont pas être attirés par nos attitudes soit disant « parfaites » en toute circonstance, alors qu’à l’intérieur nous vivons tout autre chose. C’est à nos faiblesses qu’ils vont le plus s’identifier et notre ouverture va les aider à exprimer les leurs, afin que nous puissions les soutenir à notre tour. Quand nous sommes faibles, c’est alors que nous sommes forts…
Merci beaucoup car cela me permet de me dire que parler de ce que l’on ressent est bénéfique à tout point de vue.
Merci beaucoup pour ton commentaire. Oui, je pense que lorsqu’on utilise le « je » et non pas le « tu » ou « vous » accusateur, beaucoup de bonnes choses peuvent en ressortir. Je ne pensais pas expérimenter autant de grâce sur mon lieu de travail. Et je n’ai donné que quelques exemples!
Bonjour Armelle, je suis ravie de te retrouver et de te lire bien sûr. Ce qui a été mis en place est un exemple à suivre pour moi. Nous sommes tous vulnérable, le reconnaître nous aide véritablement à avancer. Merci encore et hâte d’avoir la suite..Sans pression évidemment
Merci beaucoup Micheline, à très vite !
Merci Armelle pour cet exemple de rencontres matinales quotidiennes. C’est très inspirant d’imaginer ce groupe de collègues se soutenir dans l’épreuve. Bravo!
Merci Béatrice ! A bientôt j’espère.
Merci Armelle pour cet excellent article. J’aime la façon dont tu donnes l’exemple et as créé un environnement de travail si divin pour tes pairs. Il est vraiment glorifié à travers cela.