Ne pas juger : le secret inattendu d’une transformation intérieure.

Cet été, une amie m’a prêté le livre de Lytta Basset « Moi je ne juge personne »L’Évangile au-delà de la morale.

Je voudrais partager ici avec vous certains enseignements précieux pour notre vie professionnelle et personnelle. Ne pas juger nos collègues, notre entourage produit des bénéfices pour nous-mêmes au-delà de ce qu’on peut imaginer. Une profonde transformation intérieure…

1. Une habitude quasi instinctive de juger

En grec, le terme traduit par juger est krinein, qui veut dire discerner, évaluer, prendre parti, faire des choix.

Notre jugement vient parfois de manière instinctive, compulsive, et nous nous rendons compte ensuite à quel point nous avons catalogué les gens et évalué les situations de manière caricaturale. Cette première réaction semble nous échapper complètement. Il n’y a qu’à observer tout ce qui nous passe par la tête lorsque nous croisons des gens dans la rue ou dans les couloirs de l’entreprise !

Lytta Basset nous rappelle que l’activité de juger est une activité nécessaire et indispensable de l’intelligence. Elle nous permet de prendre de la distance, d’évaluer des situations, d’échapper à certains dangers, et de faire des choix en toute autonomie. Nous n’en parlions pas plus tard que la semaine dernière dans le contexte de notre meilleur oui.

Jésus ne nous parle donc pas de jugement de manière absolue, mais dans un contexte très précis : « afin que vous ne soyez pas jugés ».

2. La source profonde de notre jugement mortifère

Jésus précise son propos en Luc 6 : 37-38 : « Ne jugez pas, et vous ne serez point jugés, ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés, absolvez et vous serez absous. »

Le terme « condamner » vient du grec « katakrinein » qui fait donc écho à « krinein« . Juger aboutit là à condamner, à exécuter. C’est le même terme que celui utilisé dans le récit de la femme adultère en Jean 8.

Je dirais qu’au travail, c’est l’étape où on passe de la simple observation neutre à la critique et la médisance caractérisées. On « élimine » l’autre par nos pensées et nos paroles. Voire par nos actions.

Souvent, dans l’acte de juger et condamner les autres, on cherche à remédier à nos propres blessures, à établir notre propre justice en attaquant les autres. Lytta Basset souligne que « l’hypertrophie du besoin de juger » cache souvent une profonde blessure. On juge pour se protéger, pour tenter de ne plus souffrir.

3. Un levier inattendu de motivation

Ce que je trouve fascinant en Jésus, et que Lytta Basset révèle puissamment, c’est que pour susciter notre obéissance, il ne fait pas appel à l’intérêt de la personne jugée mais à notre propre intérêt de personne jugeant.

Cela aurait eu du sens qu’il nous montre à quel point cela fait du mal à la personne qu’on condamne ou juge. Mais, à la place, il nous motive par les bénéfices qui en découlent pour nous. En Matthieu 7 : 1 on trouve : « Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés« . Pourquoi ?

Parce que Jésus sait que nous avons déjà eu de nombreuses expériences douloureuses où nous avons eu le sentiment d’être jugés et incompris, y compris dans notre enfance. Nous savons ce que c’est de nous sentir « éliminés » sans avoir pu nous expliquer.

Il se préoccupe de notre vulnérabilité en tant que personne jugeante car il sait que c’est souvent un mécanisme de défense et de protection.

Jésus nous promet, si nous ne jugeons pas, de répondre à notre aspiration de ne pas être jugés, d’être respectés dans le mystère et caractère unique de notre personne. De nous accueillir.

4. Des bénéfices époustouflants

Une bonne mesure serrée, secouée et qui déborde (Luc 6:38)

Lytta Basset paraphrase Jésus en résumant ses propos de la manière suivante : « Si vous vous sentez jugé et que vous en souffrez, commencez par ne plus juger, et cela vous permettra de mettre au jour votre propre blessure pour en guérir. Vous jugez autrui parce que vous vous sentez jugés par lui mais plutôt ne jugez pas autrui afin que vous ne vous sentiez pas jugés par lui. »

Il s’agit plutôt de réinvestir cette énergie négative dirigée vers les autres en énergie positive envers nous-mêmes, nous laisser accueillir et guérir humblement par Dieu. Ensuite, bizarrement, toute envie de critiquer les autres disparaît!

En Luc 6 : 38, il est écrit juste après le passage sur le jugement « Donnez, et l’on vous donnera ; on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée, et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. »

On ne sait pas dans ce passage si le bénéfice vient directement de Dieu ou à travers les autres, mais on voit que le bénéfice est intérieur, intime, abondant et généreux.

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai ce besoin d’être validée dans mon être intérieur, d’avoir le sentiment d’être profondément comprise. Alors je trouve les promesses attachées à l’absence de jugement infiniment précieuses.

Conclusion et questions à se poser

Les quelques points que j’ai extraits du livre « Moi, je ne juge personne » ne couvrent qu’un chapitre ou deux de ce livre exceptionnel. J’espère que vous aurez pu faire des liens avec votre propre situation.

Personnellement, quand j’ai lu ces chapitres, cela a vraiment créé un déclic en moi et m’a donné envie de me tourner vers Dieu et d’opérer mes propres changements plutôt que d’attendre ceux des autres en étant intérieurement critique.

Lytta Basset expose enfin que ce passage de Luc est un bon baromètre de là où nous en sommes par rapport au jugement.

Par exemple, si nous entendons beaucoup de critiques à notre égard, examinons si ce ne serait pas l’écho à notre propre esprit de jugement.

A quoi ressemblent nos pensées intimes sur autrui ? Est-ce que nous bénissons ou non maudissons ? Est-ce que nous cherchons à changer les gens pour qu’ils soient comme nous le voulons, en consommant toute notre énergie ?

Quel est notre regard sur nous-mêmes ? Avons-nous tendance à nous condamner ? Si nous faisons cela, nous aurons du mal à ne pas faire pareil avec les autres. Nous devenons comme le serviteur impitoyable envers nous-mêmes alors que Dieu veut que nous soyons miséricordieux comme notre père est miséricordieux (Luc 6 :36). Il nous accueille les bras ouverts avec notre mal-être, notre impuissance à changer cette tendance à juger et, en nous recevant avec un tel amour, il va nous aider à accueillir progressivement les autres aussi…

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Bonne fin de semaine à tous!

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