Le contrat de travail comme cadre de la relation employé/employeur.

Tâtonnements personnels…

Il y a un peu plus d’un an, j’étais encore Directrice financière d’une filiale d’un groupe coté. Franchement, c’était dur. Depuis le début de ce poste, j’étais allée de situation exceptionnelle en situation exceptionnelle. Chaque fois, cela résultait en une charge de travail supplémentaire sur mes épaules.

Pour chacune des situations, je ne me suis jamais réellement posé la question des limites à ma contribution. Un besoin d’enquête suite à un soupçon de fraude? Une personne qui manquait plusieurs semaines dans mon équipe? Le rachat d’un concurrent avec toutes les implications administratives et financières? A chaque fois, je répondais « présente ». Je n’envisageais pas d’autre possibilité. Pour moi, cela faisait partie de mon « scope » ou domaine d’intervention. Je ne voyais même pas comment refuser en tant que DAF.

J’avais également beaucoup de demandes de ma hiérarchie au sens large, qui se rajoutaient au reste. Je ne considérais pas ces demandes comme toujours pertinentes, pour le dire diplomatiquement :). Cela ajoutait de la frustration au stress.

Dans cette période, je lisais beaucoup 1 Pierre 2:18 : « Serviteurs, soyez, en toute crainte, soumis à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont difficiles ». Je le vivais tous les jours d’une manière ou d’une autre! Un jour, je déjeunais avec deux amies chrétiennes près de mon lieu de travail. L’une d’elle m’encourageait à dire « non » et à poser des limites. Je lui ai parlé de ce passage, combien j’avais à cœur de le mettre en pratique malgré les défis. Et elle m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup aidée. Elle m’a dit : « oui, mais cette soumission se fait dans un certain cadre, celui du contrat de travail ».

Se rappeler le cadre de l’autorité

Cette notion de cadre m’a aidée et libérée quelque part. Ce n’était plus une subordination absolue. Le contrat de travail ne donne pas toujours tous les éléments mais il a le mérite de fixer un cadre. Cela m’a aidée aussi à me replacer dans le contexte de mon recrutement. Etant mère de famille, j’avais bien posé la question de la charge de travail. Ma Directrice générale m’avait bien assuré que la charge était très raisonnable. Que j’aurais des horaires de bureau tout à fait classiques. C’est sur cette base que j’avais accepté le poste. Pour moi, c’était quand même un contrat tacite. On en était très loin!

Bien sûr, la situation dans les entreprises évolue, et nous voulons être flexibles, adaptables, serviables etc. Mais d’une certaine façon, me remettre dans ce qui était attendu de moi au départ m’a aidée. Ce n’était pas comme si je m’étais jetée délibérément dans un travail que je savais très prenant et stressant. Cela m’a permis de constater objectivement combien la situation avait dérivé.

C’est difficile à expliquer mais cela m’a rendu une sorte de liberté de manœuvre que j’avais perdue. J’ai réalisé que je fournissais largement ce qui était convenu au départ, et bien au-delà. Au lieu de me frustrer pour tout ce que je n’arrivais pas à faire, je devais être fière de moi. Et réexaminer à cette nouvelle lumière ce que je pouvais faire pour ces situations exceptionnelles mais en me fixant des limites. Des limites horaires notamment.

Dans mon contrat de travail, il n’y avait pas de notion d’heure, étant cadre. Cependant, j’étais censée reporter chaque mois sur un document si je n’avais pas un minimum d’heures de repos le soir. Egalement si j’avais vraiment une charge de travail hebdomadaire au-delà d’un certain nombre d’heures. Egalement, j’étais censée reporter aux Ressources humaines si je considérais ma charge de travail comme excessive.

J’avais rempli mes documents d’alerte consciencieusement et j’avais bien sonné la sonnette d’alarme auprès du Siège. Cependant, je n’avais pas, jusqu’à ce moment-là, réalisé ma part de décision. Comme Dieu décide où s’arrêtent les flots (Job 38:11), je n’avais pas fixé de limites. Pourtant, j’en avais tout à fait le droit, ayant largement dépassé le contrat de départ, qu’il soit tacite ou écrit. Et bien sûr, je devais tenir compte tout simplement de mes limites physiques, émotionnelles, spirituelles. De ce que mon corps, mon esprit me disaient.

Cela m’a énormément aidée. Cela ne m’a pas empêchée de quitter finalement l’entreprise, car tout ne s’est pas résolu à travers cette décision. Il y a parfois des conditions structurelles sur lesquelles vous n’avez pas de pouvoir. Mais cela m’a fortifiée pendant mes dernières semaines de présence.

Deux articles sur le net

En me rappelant cette situation, j’ai étudié cette semaine deux textes, que je trouve intéressants. Le premier porte sur l’analyse juridique mais aussi pratique de la notion de lien de subordination. L’article se trouve ici. C’est une notion de droit français, donc qui ne sera peut-être pas applicable à d’autres pays. Cependant, j’ai trouvé cela digne d’intérêt car il rappelle cette notion de cadre et la différence entre « lien de subordination » et « subordination ».

Lorsque nous sommes dans une situation de soumission à une autorité, que ce soit au travail, face à l’Etat etc, c’est important de se rappeler le cadre. J’aime moins la manière dont l’auteur semble, par sa thèse, mettre de côté les notions d’humilité, de douceur, et de soumission, qui ont leur place dans le champ biblique. Mais comme le dit l’Ecriture en 1 Thessaloniciens 5:21 : « Examinez toutes choses. Retenez ce qui est bon. ». Il y a de très bonnes choses dans cet article sur cette notion de cadre, y compris côté manager, et je vous encourage à creuser tous ces sujets.

L’autre article, très différent, s’appelle Patrons et employés, et fournit une étude assez poussée des Écritures de la Bible sur le sujet. Cela alimente aussi la réflexion et vous aide à situer le contexte historique.

Conclusion

Pour finir, même si j’ai dû, personnellement, fixer le cadre dans lequel exercer ma « soumission aux autorités », je voudrais vous encourager à étudier 1 Pierre 2 et 1 Pierre 3. C’est magnifique de pouvoir imiter le cœur de Jésus, et c’est dans ce cadre que la soumission prend tout son sens. Jésus a appris à s’en remettre à Celui qui juge justement. Et dans beaucoup de situations, nous pouvons faire de même. J’ai dans mon cœur le goût de victoires tellement douces quand je me suis soumise à mon travail par motif de conscience envers Dieu, sachant sans aucun doute qu’Il me récompenserait pour cela. Et Il l’a fait!

J’ai conscience que c’est un vaste sujet, et je n’ai pas la prétention d’apporter toutes les réponses. Mais j’espère pouvoir alimenter votre pensée à travers cet article!

N’hésitez pas à me faire part de vos réflexions et commentaires. Vous pouvez avoir un regard tout à fait différent sur le sujet! En tout cas, que cela vous encourage à creuser et à vous faire vos propres opinions!

Comme toujours, vous pouvez aussi échanger sur le groupe privé de Facebook. J’ai également créé un compte Instagram Job de coeur, cette semaine! Vous trouverez le lien ci-dessous.

Beau week-end à vous!

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