Itinéraire de choix





De la difficulté de faire un choix
professionnel et…personnel.

En 2011, j’ai quitté mon poste de Responsable financier, suite à un burn out. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet, qui me touche de près. Une fois partie de l’entreprise, j’ai eu ce premier appel vers l’écriture et j’ai suivi un atelier en ligne. Chaque semaine, un sujet nous était proposé. Dans ce contexte, un jour, nous devions traiter le thème « Itinéraire de choix », où nous devions décrire les conséquences de deux choix différents. J’ai écrit ce texte, largement inspiré de mon histoire. Il me semble totalement d’actualité aujourd’hui encore, alors que j’ai quitté mon poste de Directrice financière il y a quelques mois et que je me familiarise avec le marketing digital depuis la maison…

Choix A :

Choix A

Agnès ajusta son tailleur, s’essuya les yeux et rectifia son rouge à lèvres dans le miroir au-dessus du lavabo.

Elle s’était réfugiée aux toilettes du 3ème étage, comme elle le faisait souvent en ce moment.

Directrice financière d’une filiale importante dans le secteur du Luxe,  elle n’avait pas trouvé d’autre endroit où elle pouvait vraiment être seule, seule avec elle-même.

Elle savait qu’elle avait encore quelques heures de travail devant elle avant de pouvoir rejoindre ses deux filles et leur très jolie maison en banlieue proche de Paris.

Elle était consciente qu’une fois de plus elle allait devoir appeler la baby-sitter pour lui dire qu’elle serait en retard et si c’était possible de faire manger les enfants pour elle.

Elle enverrait un SMS à son mari pour le prévenir, mais cela ne changerait rien pour les enfants : lui travaillait encore plus tard qu’elle, occupant la fonction de Directeur marketing chez un des leaders de la vente par internet. Il serait peut-être là pour leur souhaiter bonne nuit, dans le meilleur des cas.

Il y a un an, elle avait longtemps hésité avant d’accepter ce poste de Directrice financière. Le poste semblait idéal, et financièrement, ils pourraient enfin acheter la maison dont ils rêvaient. Elle ressentait confusément que son mari avait besoin de voir sa femme réussir, pouvoir parler d’elle et de son parcours avec fierté à ses collègues. Quant à elle, elle avait beaucoup pensé à ses enfants de 6 et 4 ans, et au fait qu’elle les verrait encore moins. Mais elle avait fini par balayer cet obstacle dans son esprit en disant que tout de façon, elle n’avait pas le choix.

Elle se répétait les arguments : Stagner professionnellement c’était reculer. De toute façon, elle ne pouvait pas se permettre financièrement de ne pas travailler. C’était le lot des cadres de jongler avec leur emploi du temps. Il suffirait d’embaucher une très bonne baby-sitter. Elle pourrait prendre régulièrement des congés au moment des vacances scolaires pour rattraper le temps perdu avec les enfants. Finalement, c’était la qualité, pas la quantité du temps passé avec eux qui comptait, comme le clamaient les magazines féminins.

Alors pourquoi ressentait-elle au fond d’elle-même que, malgré toute sa réussite, elle passait à côté de la vraie vie ? Quand était la dernière fois où elle était arrivée chez elle autrement qu’épuisée, ayant certes beaucoup d’amour à donner à ses enfants, mais puisant dans des réserves toujours plus difficiles à atteindre ? Quel était le dernier week-end occupé à autre chose qu’à se remettre debout physiquement et à remplir les placards de la cuisine, avant de se relancer dans le même rythme effréné ?

Elle ressentit de nouveau les yeux la picoter. Il ne fallait pas qu’elle fasse de nouveau couler son maquillage. Il était vraiment temps qu’elle rejoigne son bureau et l’effervescence du reporting mensuel. Allez, elle organiserait une petite sortie avec ses enfants ce week-end, cela leur ferait plaisir, et tant pis pour son repos.

Elle releva le menton, se défia dans le miroir, et ouvrit calmement la porte qui donnait sur le couloir…


Choix B

-« Maman, maman, attention… »

Agnès tourna la tête vers sa fille de 6 ans qui lui désignait la crêpe en train de brûler.

Ses deux filles étaient rentrées de l’école et elles avaient décidé de faire des crêpes pour le goûter.

Elle avait laissé ses pensées vagabonder quelques instants. Elle se disait que de tels moments avec ses enfants étaient précieux. Elle n’aurait jamais pu les vivre, se disait-elle, si elle avait accepté, un an auparavant, un poste de Directrice financière dans le secteur du luxe.

Agnès avait longtemps hésité, pesé le pour et le contre, mais finalement l’intérêt de ses enfants l’avait emporté contre toute autre considération. Elle avait refusé la promotion, ce qui lui avait valu de se voir proposer une porte de sortie honorable, avec un départ négocié.

Depuis, elle était en pleine reconversion pour devenir formatrice en comptabilité et finance, ce qui devrait lui permettre d’avoir un emploi du temps plus compatible avec une vraie vie de famille, même s’ils y perdaient financièrement.

Elle travaillait sur son projet de mémoire pour devenir formatrice professionnelle pendant que les enfants étaient à l’école. Puis elle se consacrait à elles, avec beaucoup d’enthousiasme et de reconnaissance. Agnès était consciente du caractère exceptionnel et arraché au temps de ces quelques semaines de transition. Elle avait retrouvé le goût des choses simples : faire un bon petit plat, prendre le temps de faire des courses et de choisir les produits,  désherber, planter des bulbes pour le printemps…

Elle avait retrouvé un esprit clair, incisif, et bizarrement elle s’intéressait davantage à la vie des entreprises que lorsqu’elle était en poste, écroulée sous le travail. Elle s’était même abonnée à un magazine économique, écoutait avec attention les actualités.

Son mari avait moins bien pris la décision au départ, prise d’un commun accord mais après de longues discussions. Il craignait pour leurs finances, pour l’emprunt de leur maison sur 20 ans. Il avait peur qu’elle ne s’ennuie. Il lui reprochait, mi-sérieux, mi-taquin, d’être moins coquette qu’avant, de déambuler en jeans et chaussons dans la maison au lieu de mettre de jolies tenues et talons hauts comme avant. Mais il ne pouvait que constater qu’elle avait plus à donner, qu’elle était plus joyeuse, plus en forme, plus dynamique. C’était bon pour leur couple, c’était bon pour leur famille.

Oui, pas de doute, elle était heureuse de son choix, de ce qu’elle vivait et expérimentait. Elle se sentait dans la bonne  voie, dans la bonne vie, celle qui lui convenait.

Elle sourit à sa fille et retourna la crêpe d’une main assurée…

A votre tour

N’hésitez pas à me dire en commentaire si vous avez déjà eu des choix difficiles à faire et comment cela s’est passé pour vous. J’ai dû faire le choix inverse quelques années plus tard, donc je sais combien il est difficile de faire des choix, notamment pour concilier vie professionnelle et personnelle. Pour concilier besoins financiers et aspirations profondes. Besoins intellectuels et besoins de la famille. Besoin de se réaliser totalement et envie de profiter de la vie. Ce n’est pas toujours simple…

N’hésitez pas aussi à voir ma revue sur le livre « Etes-vous débordé? » de Joyce Meyer pour voir comment contrer le stress lié au choix.

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4 Comments

  1. Bravo pour ce texte agréable à lire dans un écrin tout doux.
    Merci Armelle pour ce blog sur un sujet pregnant dans nos vies, le travail car nous y passons une grande partie de notre temps.
    Ce choix, chaque femme, homme, y est aujourd’hui confronté. Nos parents ne sont plus là pour prendre le relai car nous n’habitons pas toujours à proximité d’eux.
    Je pense, pour avoir fait les deux choix, que notre vie professionnelle est longue, une quarantaine d’années.
    Par contre, nos enfants eux c’est plus ou moins ne quinzaine d’années uniques où nous les avons avec nous. Ce que nous construisons avec eux pendant leurs jeunes années est fondamental à mon avis et nous n’aurons pas de regret.
    Bien sûr, rien ne peut se généraliser, si une personne se sent mal à rester à la maison il vaut mieux qu’elle travaille. J’ai repris mon travail après deux ans avec mon fils car j’en ressentais le besoin.
    Par contre, j’ai trouvé un compromis, le 80 %. Les papas ont aujourd’hui aussi la possiblité de prendre des congés parentales ou des 80 %.
    Et puis, c’est vrai nous n’avons pas la maison de nos rêves mais un magnifique appartement, petit mais suffisant où nous sommes très heureux.
    Et certainement bientôt nous trouverons cet endroit.
    Encore que je ne sais même plus si cela nous plaira quand notre enfant sera parti.

    • Merci beaucoup Florence pour ton encouragement et pour ton retour d’expérience. Personnellement, j’ai ressenti assez vite le besoin de reprendre (chaque fille avait 4 ou 5 mois). J’avais du mal à être bien dans ma tête enfermée dans la maison, car mon esprit vagabondait trop dans toutes les directions malgré tous les aspects pratiques à gérer! J’ai tendance à être trop cérébrale et le travail intellectuel, organisé, m’aide à cadrer mes pensées! Et je n’avais pas trop le choix financièrement, même si comme toi j’avais opté pour le 80% pour la première. En revanche, j’ai ressenti beaucoup plus fortement leurs besoins quand elles avaient environ 5 ans, ainsi qu’à la pré-adolescence / adolescence. C’est pourquoi chaque fois que j’ai eu une parenthèse à la maison à ces âges, je l’ai tellement appréciée et chérie!

  2. Bonjour,

    Pour ma part, je veux prendre une décision très importante sur ma carrière. Je travaille à temps plein, je viens de terminer un Bac en enseignement formation professionnel et technique ce qui me donne l’opportunité soit d’enseigner au collège ou être formatrice. De mon côte, j’aimerais avoir ma propre compagnie de formatrice et de consultante en formatrice ce qui me permettra de voir plus souvent mes 3 enfants et de travailler des heures plus souple. En fait, je ne sais pas par ou commencer, alors j’aimerais avoir une idée si vous savez par quel chemin emprunter.

    • Bonjour, on peut bien sûr en parler. Il y a plusieurs solutions, et surtout la formation en ligne est en train de se développer énormément, ce qui est formidable si vous avez des enfants et voulez de la souplesse. Vous pouvez me contacter à armelle@neboit.com pour que nous puissions en parler si vous le souhaitez. Bien à vous!

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